Michel Rouch: Lobgesang (Canto di Lode) in Do maggiore, per coro misto a quattro voci
Articolo sul Lobgesang (Canto di Lode) in Do maggiore, per coro misto a quattro voci, attribuito a Beethoven. Con il permesso dell’ autore, MICHEL ROUCH.
Lobgesang
(Chant de Louange, en ut majeur)
pour chœur mixte à quatre voix.
Cette œuvre apocryphe est apparue en Allemagne, quelque temps après la mort de Beethoven. Une copie en ré majeur portant son nom se trouvait au sein des archives catholiques de la paroisse de Neuhausen auf den Fildern (Royaume de Württemberg), mais elle ne semble plus y être.
L’auteur en fut sûrement Joseph Heinrich Breitenbach, organiste, corniste, professeur de musique et compositeur liturgique. Né dans le Grand-Duché de Baden, à une centaine de kilomètres de là, à Oppenau, en 1809, il fut d’abord attaché à la Hofkapelle de Stuttgart, puis, en 1847, il devint professeur de chant à Muri, dans le canton suisse d’Argovie.
C’est probablement alors qu’il arrangea ce Lobgesang pour chœur à quatre voix et l’attribua modestement à Beethoven ! En 1858, le gouvernement d’Argovie le nomma chef d’orchestre à l’école normale de Wettingen et c’est dans cette ville qu’il publia, à compte d’auteur, une compilation de pièces chorales faciles, profanes et sacrées, d’auteurs divers, dont lui-même. La seconde édition comporte 200 titres ; 3 de Beethoven :
Sammlung | leicht ausführbarer vierstimmiger | Gesänge | (geistlich u. weltlich) | für den gemischten Chor | von verschiedenen Komponisten, | herausgegeben von | J. H. Breitenbach | Musik u. Gesanglehrer am aargauischen Lehrerseminar | in Wettingen | 2te stark vermehrte Ausgabe | Im Selbstverlage des Herausgebers.
No. 7. Die Ehre Gottes aus der Natur. | L. v. Beethoven. (ut) Op. 48 n° 4 SATB & Chœur
No.67. Gottes Macht u. Vorsehung. | Nach L. v. Beethoven (ut) Op. 48 n° 5 Chœur
No.68. Lobgesang. | Beethoven. (ut) Chœur
Johann Heinrich Breitenbach mourut en 1866. Quatre ans plus tard, le compositeur Oswald Lorenz [1806-1889] republia ce Lobgesang seul, à Winterthur, dans un recueil de 96 chants choraux scolaires. Le nom de Beethoven a disparu et l’expression dynamique n’est plus Majestätich mais Feurig. La musique originale de ce chant de louange provient du deuxième des 21 morceaux des Chœurs d’Athalie, musique de scène composée en 1785 par l’Allemand Johann Abraham Peter Schulz [1747-1800], et éditée aussitôt : Chœurs d’Athalie. | dediés | A son Altesse Royale | Madame | Louise Auguste | Princesse de Dannemark. | Mis en Musique | par | J. A. P. Schulz | Maitre de la Chapelle de S. A. Royale Monseign. Le Prince Henri de Prusse, | Frere du Roi. | A Hambourg, | chez Hoffmann. Libraire. 1786. [Acte I, scène IV : Josabet, épouse du grand-prêtre juif Joad, a un jour sauvé son neveu Joas, fils du roi de Juda assassiné par la païenne Athalie ! Durant six ans, elle l’a élevé en secret sous le nom d’Éliacin. Il est temps aujourd’hui de révéler au monde l’existence de l’enfant et de détrôner cette reine impie. Le chœur exulte :] TOUT LE CHŒUR chante. |
Tout l’univers est plein de sa magnificence.
Qu’on l’adore ce Dieu, qu’on l’invoque à jamais. Son empire a des temps précédé la naissance. Chantons, publions ses bienfaits. Schulz avait pour ambition de mettre au goût du jour la fameuse tragédie française Athalie, de Jean Racine, tirée de l’écriture sainte, et jouée pour la première fois le 5 janvier 1691, à Saint-Cyr, près de Versailles, avec une musique de Jean-Baptiste Moreau. Il y réussit parfaitement : plus de quarante copies, sont signalées en Allemagne, en Suisse et au Danemark. Pour cette raison, le texte français a rapidement laissé la place à sa version germanique, Athalia, qui, à vrai dire, n’est pas une traduction :
Laut durch die Welten tönt Jehovas grosser Name,
Ihn verehre der Staub, wie der Engel am Thron.
Eh’ noch Bergen und Felsen die Feste geschenkt ward,
War Gott ! bringet Lob ihm, und Dank ! Frohlockt !
Et la partition, est symphonique : Allegro maestoso, en ré majeur, « a | due Violini, due Tromba | Tympani, due Corni | due Oboes, Viola, Bassò. | et | Sopran, Alt, Tenor et Bassò. » Autres différences avec l’arrangement de Breitenbach, la conjugaison : « tönt » au lieu de « tön’ »… et la présence de strophes, pour solistes, comme chez Racine…
Cependant, si tant de copies ont circulé, ce n’est pas qu’Athalia ait été souvent interprétée ; le texte, à la gloire du Très-Haut, changea vite d’orientation. L’œuvre de Schulz devint, avant 1800, une Kantate,dont l’instrumentation changea au gré des capacités locales ! Ainsi l’une d’elles, conservée à la Lippische Landesbibliothek de Detmold, est-elle titrée : « Cantate | Laut durch die Welten tönt ! | A | 2 Clarini | 2 Cornu | 3 Violinen | 2 Flauti | 4 Vocibus | et | Fundamento || Di | Schultze | Capell Meistern. » À Nuremberg, une autre, de la même époque, utilisera aussi quelques vers de deux cantates de Johann Kaspar Schubarth [1756-1810] ; elle sera jouée en 1827, 1828 et 1829, pour Erndte Fest (la Fête des Récoltes). Le premier chœur surtout : « Laut durch die Welten tön’ Jehovas großer Name » (Clamez de par le monde le saint nom de Dieu) connut un remarquable succès et fut adopté par de nombreuses chorales paroissiales. Il reste le seul air à avoir résisté au temps, sans doute grâce au nom de Beethoven qu’il aura usurpé ! Actuellement, on peut encore s’en procurer la partition, à Bonn (Musikverlag Dr. J. Butz, Cantus Ecclesiæ Nr. 360 : Lobgesang) : elle reprend la copie de Johann Heinrich Breitenbach – sans la citer. Cette œuvre n’est inscrite dans aucun catalogue beethovénien. Rappelons enfin que la tragédie de Racine a également inspiré Händel et Mendelssohn-Bartholdy. |